Oiseaux pélagiques – périple en mer août-septembre 2017

Oiseaux pélagiques – périple en mer août-septembre 2017

Connaissez-vous les oiseaux pélagiques? Ces oiseaux qu'on ne voit pas souvent parce qu'on doit être en bateau pour les voir? Je vous les présente avec mon périple en mer qui est toujours en cours!

Cliquez ici pour vous rendre à la dernière journée racontée

Voir le spectacle de dauphins
Voir une baleine franche
Voir le spectacle de thons

 

Périple en mer

Voilà que depuis le 2 août 2017, et pour deux mois, je sillonne le golfe et l'estuaire du Saint-Laurent à la recherche d'oiseaux.

Je suis à bord du Teleost, un bateau de la garde côtière dédié à la recherche scientifique. À part moi, qui effectue les inventaires d'oiseaux, il y a aussi un observateur de mammifères marins, deux scientifiques qui prennent des données océanographiques et deux équipes de 5-6 personnes qui identifient les poissons et autres organismes  marins pêchés.

Moi, Mireille, avant l'embarquement sur le Teleost

 

Océanographie

C'est grâce aux données océanographiques qu'on sait si l'eau se réchauffe et si l'oxygène qui s'y trouve se rarifie par exemples. Oui, l'eau se réchauffe présentement. On étudie aussi diverses variables, comme la salinité de l'eau et la composition en micro-animaux, le zooplancton.

 

Pêche expérimentale

Les poissons, nous les prenons par une pêche expérimentale au chalut. Il s'agit d'un grand filet en entonnoir qui est traîné au fond de l'eau pendant 15 minutes seulement, puis remonté pour identifier son contenu.

C'est grâce aux journaux de bord des pêcheurs, où ils indiquent les quantités pêchées et les emplacements de pêche, et à la pêche expérimentale que les recommandations pour les quotas de pêche peuvent être élaborées. Ensuite, ces recommandations sont discutées avec les pêcheurs et on en vient à une entente pour les quotas. Normalement, les pêcheurs comprennent bien que si un quota baisse, c'est pour permettre aux populations de poissons de se refaire et ainsi permettre un meilleur avenir pour la pêche. Il reste une autre étape dans la décision des quotas de pêche et c'est celle de la décision ministérielle.

Jeunes sébastes (redfish), abondants cette année, signe que sa population se rétablit

 

Inventaires d'oiseaux

Donc, pour mes inventaires, je suis assise à la timonerie, là où le capitaine se tient et là où on pilote le navire. J'observe les oiseaux principalement entre les stations de pêche et parfois aussi lorsqu'on est arrêtés, pour mon plaisir personnel. C'est qu'il ya plus d'oiseaux quand on est arrêtés, alors c'est plus attirant pour faire de l'ornithologie, mais pour éviter le biais que le bateau attire les oiseaux et savoir ce qui se trouve vraiment en mer, je recense les oiseaux que l'on rencontre lorsque le bateau avance. Contrairement aux autres activités scientifiques sur le bateau, qui sont toutes faites pour le ministère des Pêches et Océans du Canada, je suis plutôt rattachée à Environnement Canada.

 

Oiseaux entre la côte-Nord et Terre-Neuve

Nous avons commencé par nous diriger vers le nord dans la première moitié du mois d'août. Lorsqu'on s'éloigne des côtes, on perd les goélands et on se retrouve avec seulement les oiseaux  pélagiques et des oiseaux de mer. C'est bien intéressant. Côté oiseaux de mer, le plus commun est le Fou de Bassan, côté oiseaux pélagiques, c'est-à-dire ceux que l'on voit seulement loin de la côte, le plus commun est le Fulmar boréal, suivi du Puffin majeur et des deux océanites, soit l'Océanite de Wilson et l'Océanite cul-blanc.

Rendus près du détroit de Belle-Isle, là où la pointe nord-ouest de Terre-Neuve est au plus proche de la terre ferme, le Labrador, on a soudainement une plus grande densité d'oiseaux. Le Puffin fuligineux, que nous avions occasionnellement, devient le plus commun. Des petits groupes de Puffins fuligineux se trouvent un peu partout sur l'eau et c'est le party dans ma tête. 🙂

Côté labbes, c'est plus difficile. Ils ne se tiennent pas en groupe et ne viennent qu'occasionnellement au bateau. Je n'ai vu qu'un Labbe pomarin lorsqu'on était dans une baie de Terre-Neuve.

 

Voici un groupe d'océanites autour du'une carcasse de petit mammifère marin probable, non identifié.

 

Oiseaux de l'estuaire du Saint-Laurent

Ceux qui ont l'habitude de sortir dans l'estuaire du Saint-Laurent pourraient être étonnés que je n'aie pas mentionné le Puffin des Anglais. C'est normal. Dans le golfe, franchement, il est assez rare. C'est aussi ce que j'avais remarqué lorsque j'avais travaillé sur les bateaux de pêche sur la Côte-Nord (Sept-Îles et plus à l'est). Par contre, il est plus abondant dans l'estuaire et c'est pas  mal la seule espèce pélagique que j'y recense, à part un Puffin majeur. Bientôt, nous retournons dans le golfe et je le perdrai de nouveau, mais retrouverai tous les autres, pour mon grand plaisir.

Outre les rares Puffins des Anglais et Phalaropes à bec étroit, on retrouve surtout les Fous de Bassan, Goélands marins et Goélands argentés au bateau dans l'estuaire.

Phalaropes à bec étroit

 

Les phalaropes

Des petits limicoles, le Phalarope à bec étroit et le Phalarope à bec large se tiennent en mer après avoir niché dans le Grand Nord.

En août, il ont déjà mué et portent un plumage tout en noir et blanc.

À mon premier groupe de phalaropes, qui étaient posés sur l'eau et décollaient de temps en temps, près du bateau, j'ai pu prendre quelques photos et vidéos, ce qui est bien utile pour les identifier et établir mes critères pour le reste du voyage. Dans les livres, on mentionne un dos rayé pour le Phalarope à bec étroit, contrairement au bec large, mais bien franchement, ces oiseaux sont tout petits et bougent tout le temps, alors on ne voit pas si c'est rayé ou non. J'ai été chanceuse. Dans ce petit groupe, j'avais les deux espèces. J'ai ainsi constaté que tous les Phalaropes à bec large avaient le dos gris pâle uniforme, très pratique. Il n'y avait qu'un Phalarope à bec étroit et il est tout foncé... et en plus il est plus petit! Voilà qui m'aide pour mes futures observations!

D'ailleurs, le 20 août, dans l'estuaire, j'ai eu un énorme groupe de phalaropes, tous foncés et de même taille, donc des Phalaropes à bec étroit. Dans le golfe, c'étaient pourtant les Phalaropes à bec large les plus communs. Encore une bonne différence entre ces deux emplacements.

 

 

Les oiseaux de mer

En plus des oiseaux pélagiques, soit ceux visibles pas mal seulement en bateau, on retrouve aussi plusieurs espèces d'oiseaux de mer, surtout lorsqu'on s'approche des côtes.

On a par exemple, des Petits Pingouins, des Guillemots marmettes et surtout des Fous de Bassan, qui parcourent de longues distances pour se nourrir.

La grande majorité des fous rencontrés sont des adultes, mais on a parfois des immatures, dont le noir recouvre une plus grande proportion des ailes et le dos.

Fou de Bassan immature

Petits Pingouins, Adulte à droite et immature à gauche

 

Les égarés en mer

Quand on est en bateau, on a tendance à croire qu'on ne verra que des oiseaux marins, mais ce n'est pas le cas, surtout en temps de migration et après des grands vents.

Des oiseaux terrestres se retrouvent alors sur le bateau. Probablement d'abord déviés par leur trajectoire à cause du vent, les petits passereaux, migrant de nuit, sont ensuite attirés par la lumière du  bateau, ce qui les désoriente. Mais bon, c'est parfois leur seule chance de survie étant donné qu'ils sont rendus en mer de toute façon et qu'ils ne nagent pas.

C'est triste quand on est loin de la terre et que l'on sait que ça va prendre du temps pour que le bateau revienne à terre... Il n'est pas facile de survivre sur un bateau pour un oiseau terrestre. L'est est salée et il y a très peu d'insectes pour se nourrir, en plus de l'épuisement qu'ils ont déjà et du stress de se retrouver sur un gros engin de métal qui fait du bruit et rempli d'humains.

Deux parulines ont été chanceuses à la mi-août. Une Paruline obscure et une Paruline à poitrine baie se sont retrouvées sur le bateau la veille de notre entrée à Gaspé pour changer d'équipage. Elle sont disparues lorsqu'on est arrivés à quai. Heureusement pour elles. Elles l'ont échappé belle!

La Paruline obscure chanceuse.

Aussi, lorsque nous étions près d'Anticosti, un groupe d'une vingtaine de Bec-croisés bifasciés se sont joint à nous. C'était assez spécial de voir un groupe entier se promener autour un bateau et s'y poser. On est plus habitués de voir des oiseau solitaires. J'avais bien espoir pour eux, sachant où nous étions. Comme je l'avais imaginé, dès que le brouillard a levé, les oiseaux ont pris le large vers l'île. D'autres chanceux qui ont la vie sauve! Sinon, la fin des autres oiseaux qu'on trouve à bord est plutôt tragique.

Bec-croisés bifasciés

 

Liste des espèces d'oiseaux observées (53 espèces) :

Goéland à bec cerclé    (près des côtes)
Goéland argenté    (relativement près des côtes)
Goéland marin    (relativement près des côtes)
Mouette tridactyle    (plus loin que les goélands, régulières mais pas si communes)
Mouette de Bonaparte    (un individu immature seulement au Québec, plusieurs à Charlottetown, plusieurs dans la baie des Chaleurs)
Sterne pierregarin    (près de Havre-Saint-Pierre et Charlottetown)
Fou de Bassan    (un peu partout sur leur route pour se nourrir et près des colonies)
Puffin majeur    (plusieurs individus viennent régulièrement à l'arrière du bateau)
Puffin fuligineux    (une vingtaine au moins, parfois déjà posés sur l'eau parfois derrière le bateau)
Puffin des Anglais    (une dizaine de solitaires dans l'estuaire)
Fulmar boréal    (fidèle derrière le bateau au large)
Océanite de Wilson    (commune en groupe mixte avec l'autre océanite derrière le bateau quand loin au large)
Océanite cul-blanc    (commune en groupe mixte avec l'autre océanite derrière le bateau quand loin au large)
Labbe pomarin    (deux individus pâles à deux endroits près des côtes)
Guillemot marmette    (assez près des colonies)
Guillemot à miroir  (un ou deux individus en estuaire)
Petit Pingouin    (relativement près des colonies)
Macareux moine    (quelques individus près des colonies)
Cormoran à aigrettes    (quelques individus assez près des côtes)
Eider à duvet (quelques groupes près de la Côte-NNord)
Phalarope à bec large    (loin des côtes)
Phalarope à bec étroit    (seul en estuaire, mélangé avec l'autre phalarope partout ailleurs)
Bécasseau minuscule   (quelques groupes ont passé en migration)
Tournepierre à collier    (quelques petits groupes nous ont croisés en migration)
Courlis corlieu    (quelques solitaires sont passé en migration)
Faucon émerillon    (sur le bateau)
Balbuzard pêcheur    (un à Havre-Saint-Pierre et un à Percé)
Engoulevent d’Amérique    (un individu est passé en migration dans l'estuaire)
Paruline obscure    (sur le bateau)
Paruline à tête cendrée    (sur le bateau)
Paruline tigrée    (sur le bateau)
Bec-croisé bifascié    (sur le bateau)
Hirondelle de rivage    (quelques groupes sont passés en migration)
Bruant de Lincoln    (sur le bateau)
Paruline jaune    (sur le bateau)
Bruant des prés    (3 ensemble sur le bateau, 14 septembre)
Bruant à gorge blanche    (un qui aime entrer à l'intérieur, 14-15 septembre)
Paruline à croupion jaune    (deux ensemble au bateau, près des terres, 15 septembre)
Pipit d'Amérique    (2 venus au bateau, 15 septembre)
Pluvier semipalmé    (sur le bateau, 15 septembre)
Mouette de Sabine    (près de l'île Bonaventure, 15 septembre)
Macreuse à ailes blanches    (baie des Chaleurs, 18 septembre)
Roitelet à couronne rubis    (22 septembre)
Paruline masquée    (deux le 19 septembre et une le 22)
Paruline à couronne rousse    (22 septembre, faible)
Crécerelle d'Amérique    (23 septembre)
Macreuse à front blanc    (23 septembre)
Alouette hausse-col    (25 septembre)
Pluvier bronzé    (25 septembre)
Goéland bourgmestre    (25 septembre)
Goéland brun    (26 septembre)
Bernache du Canada    (18 oiseaux, 26 septembre)
Faucon pèlerin    (26 septembre)

 

Les baleines

Qui dit intérêt pour les oiseaux, dit aussi intérêt pour la nature en général! Je suis en mer, donc j'ai aussi droit à d'autres spectacles comme celui des mammifères marins!

Dans la première moitié d'août, on voit des baleines bleues, des rorquals communs, des dauphins à flancs blancs, des dauphins à nez blanc et une super surprise, un épaulard!

J'ai eu la grande joie de trouver moi-même l'épaulard! Il faisait tellement beau et chaud que je m'amusais à regarder le large dehors, en compagnie de l'observateur de mammifères marins. J'ai aperçu par hasard quelque chose qui ressemblait à un aileron, mais sans souffle. Il disparaît et j'ai le temps de me demander si j'ai halluciné avant qu'il réapparaisse. Ce coup-là, je l'ai vu aux jumelles depuis le début de sa sortie. Je l'ai reconnu tout-de-suite! Un énorme aileron comme ça et un front et dos noirs, wow, c'est un épaulard!

Il est rare de voir des épaulards sur la côte est du Canada, contrairement à la côte ouest. Ils sont tellement peu communs qu'on prend le temps de leur donner des noms. Mais celui-là, on ne sait pas s'il en a un ou pas. Ce qu'on sait, c'est que son aileron est tellement énorme, que c'est un mâle, c'est sûr.

Vraiment, très contente je suis d'avoir eu cette belle surprise devant moi! J'ai même pu en prendre des images! Voici des captures de la vidéo prise :

 

Avec mes images des autres baleines et dauphins, ça me fait une collection déjà pas mal pour le voyage!

 

Dauphin à nez blanc

Le matin du 24 août, on a eu un beau spectacle d'un Rorqual à bosses, au large entre Port-Cartier et Mont-Louis!

 

 

Résumés quotidiens  pour le reste du voyage :

Mercredi 23 août 2017

On a commencé la journée dans le brouillard, mais ensuite c’était beau.

À mon réveil, deux parulines se trouvaient à bord, dont une était à l’intérieur. Les cuisiniers l’ont capturée et m’ont dit de m’en occuper, car je suis la bird girl! Ouin, l’affaire, c’est que je sais qu'elle n’a pas vraiment de chance de survivre parce que le bateau va encore rester en mer beaucoup de jours. Je l’ai donc identifiée, c’est une Paruline à tête cendrée, lui ai donné une mouche sans ailes, qui était prise dans le collant à mouches, et lui ai donné de l’eau. Je me suis dit que ça lui laisserait une chance au moins. J’ai fermé la lumière de la pièce tranquille où sa cage temporaire était et l’ai laissée tranquille. Je suis retournée voir quelques heures plus tard et elle dormait, mais au souper, lorsque j’y suis retournée, elle était malheureusement décédée. Pauvre chouette, elle était si mignonne...

L’autre paruline, celle qui était dehors, était une Paruline à poitrine baie. Elle semblait assez faible et gardait souvent son œil droit fermé. Par contre, quelqu’un d’autre l’a vue se nourrir plus tard d’un papillon de nuit qu’elle assommait sur le pont, bon signe, mais bon, comme on ne retourne pas à terre... J’ai ensuite perdu sa trace. Il est probable qu’elle soit allée mourir quelque part.

Paruline à poitrine baie se nourrissant d'un papillon de nuit.

Sinon, comme on est dans l'estuaire, on a vraiment beaucoup de goélands et je commence à avoir hâte d'en sortir pour retrouver mes pélagiques.

 

Jeudi 24 août 2017

On commence à avoir plus de vagues, car on sort de l’estuaire, mais la journée est quand même tranquille.

La belle surprise de la journée a été un Engoulevent d’Amérique qui est venu voler au bateau pour quelques minutes. Il a poursuivi son chemin, mais je n’ai pas vu vers où il est parti.

Vendredi 25 août 2017

Belle journée tranquille en mer. J’ai eu le retour de quelques espèces intéressantes comme le Guillemot marmette. Ça me fait du bien de sortir de l’estuaire pour retrouver une plus grande diversité, car les goélands, disons que ce n’est pas ce qu’il y a de plus exotique. 😉

On a une Sittelle à poitrine rousse à bord et je m'amuse à lui parler dans as langue. Elle me répond, gentille sittelle. Elle fouille souvent dans les cordages en recherche de petits insectes dissimulés.

Sittelle à poitrine rousse

 

Samedi 26 août 2017, escale à Havre-Saint-Pierre

En soirée, nous avons dû faire une arrêt d’urgence à Havre-Saint-Pierre pour cause médicale de quelqu’un de l’équipage. Ne vous inquiétez pas, ce n’était pas trop grave, mais il n’a pas pu regagner le navire. Nous, ça nous a fait un petit arrêt à terre bien apprécié, surtout pour un samedi soir!

Quai pour petits bateaux de Havre-Saint-Pierre

En plus, le détour nous a fait passer dans l’archipel des îles Mingan, endroit qu'on avait manqué car le bateau y est passé pendant la nuit précédente. J’ai donc eu droit à quelques Macareux moines, quelques Petits Pingouins et beaucoup de Guillemots marmettes!

Guillemots marmettes, un adulte à droite et un immature à gauche

 

Dimanche 27 août 2017, Puffin des Anglais

Enfin, j’ai pu prendre mes premières images de Puffin des Anglais! Yé! Normalement, ils passent vite et assez loin, mais là, lorsqu’on était arrêtés, celui-là est venu se poser juste en avant du bateau. J’ai donc eu le loisir de l’observer et de le saisir en images autant que je voulais! Il regardait souvent dans l’eau et plongeait peu longtemps, à partir de la surface de l’eau sur laquelle il reposait. Je l’ai aussi vu plonger plus longtemps, très longtemps, étonnant! 🙂 Ça semble particulier à cette espèce étant donné que je ne me souviens pas avoir jamais vu un puffin des deux autres espèces plonger.

 

Lundi 28 août 2017

Nous sommes environ entre Anticosti et Natasquan. On a encore beaucoup de goélands derrière le bateau, mais des pélagiques s’y ajoutent, comme un Fulmar boréal et environ cinq Puffins majeurs. Un Faucon émerillon est venu voler autour du bateau, mais je ne l’ai pas vu s’y poser.

Enfin, dépassés la pointe est d’Anticosti, on retrouve finalement les océanites qui viennent se joindre aux fulmars derrière le bateau. Ça fait du bien! C'étaient des Océanites cul-blanc.

 

Mardi 29 août 2017

Au lever, le bateau était penché de côté, la mer étant pourtant très calme. Jusqu’à ce qu’on trouve pourquoi, on s’inquiétait quand même de la cause. Alors on se tient aux aguets comme on peut, au cas où l’alarme générale serait sonnée pour évacuer le navire... La joie... Finalement, pas d'infiltration d'eau. C'était juste les réservoirs d'eau potables qui étaient débalancés, alors on a réglé ça. En passant, on fait notre eau potable à bord à partir de l'eau de mer!

Les mammifères marins se font rares en journée, mais en soirée, en s’éloignant plus de la côte, des Dauphins à flancs blancs et un Rorqual commun viennent nous dire bonjour.

 

Mercredi 30 août 2017

Belle journée calme. C'est super de voir beaucoup d’océanites aux arrêts! La journée a étrangement passé très vite.

 

Jeudi 31 août 2017, Que de surprises non ailées!

Journée hyper calme, pas de vent, mer d'huile. On est au sud d’Anticosti, côté est. Pas beaucoup d'oiseaux, mais c'est une journée extraordinaire pour le reste! On a commencé par voir quelques groupes de globicéphales noirs, un genre de béluga allongé noir, avec des dauphins, ce qui faisait déjà ma journée.

Globicéphales noirs

Ensuite, on a vu plusieurs thons sauter, dont quelques-uns qui sortaient complètement hors de l'eau! L'observatrice de mammifères marins a réussi à en capter un peu, ce qui n'est pas évident du tout!

Ensuite, on a eu trois Tortues luth (une à la fois)!

Tortue luth

Et finalement, un Requin pèlerin que j'ai vu, et l'observatrice de mammifères marins (Kate) en a vu un autre aussi! C'est le deuxième plus grand requin au Monde après le requin baleine! Bon, je n'ai vu que son aileron, mais peut-être que j'en verrai un mieux plus tard! Il était pas mal proche du bateau, yé!

Aileron de requin pèlerin

À bord, on a droit à un Bruant de Lincoln et une Paruline jaune. Comme on va bientôt à quai, j'ai espoir qu'ils s'en sortiront!

À vous de trouver le Bruant de Lincoln! 🙂

 

Bruant de Lincoln en plus gros plan, hihi.

Il y en a une qui a eu moins de chance, car un Faucon émerillon a été pris en flagrant délit de dégustation de paruline! Au moins, le faucon devrait avoir l'énergie pour se rendre à terre avec nous grâce à ce repas!

 

Vendredi 1er septembre 2017, vagues et autoroute de Fous de Bassan

Retour des grosses vagues, qui nous avaient épargnés pour une bonne partie du voyage!

Quand ça s'est calmé, on s'approchait de Gaspé. Alors on a eu plein de marsouins et des petits rorquals. J'ai vu pas mal d'océanites aussi.

Devant l'entrée de la baie de Gaspé, c'est ce que j'appelle l'autoroute de Fous de Bassan. Comme la colonie de l'île Bonaventure n'est pas bien loin et que beaucoup vont se nourrir dans l'estuaire, plusieurs groupes et individus solitaires y passent dans un sens ou dans l'autre, constamment!

J'ai aussi vu quelques Petits Pingouins dans la baie.

Puis on a dû zigonner dans la baie pendant quelques heure parce que notre place au quai n'était pas prête, un pétrolier en retard l'occupant.

 

Samedi 2 septembre 2017, Gaspé et le Rocher percé

Nous sommes à quai et prévoyons partir en fin d'après-midi. En attendant, une petite marche dans le bois, ça fait du bien! Bonjour la verdure! 🙂

Nous sommes déjà repartis le soir et le capitaine nous offre un spécial, soit de passer entre l'île Bonaventure et le Rocher percé pour qu'on puisse bien profiter de ce paysage!

On n'est pas du côté de la colonie et on voit peu de Fous de Bassan, mais on a le passage d'un Balbuzard pêcheur, le seul depuis Havre-Saint-Pierre, car on ne le trouve pas en pleine mer.

 

Dimanche 3 septembre 2017, Charlottetown et mal de terre pour ma journée de congé

Belle journée de déplacement vers Charlottetown. Un gros avion de l'armée fait des ronds près de l'île du Prince Edouard et nous offre le spectacle d'un parachutiste au parachute jaune. Il paraît que ce sont des exercices de sauvetage et que ce sont des top secouristes, peut-être même médecins, qui font ces exercices. Un petit bateau de la Garde côtière attend en bas pour le recueillir.

Il y a un méchant paquet de bouées aussi sur l'eau et il est difficile de les éviter. Tout un travail de navigation! Ce seraient des casiers à homards.

Grande attraction de la journée, le passage sous le pont de la Confédération a attiré pas mal de curieux en avant du navire pour profiter de ce moment!

On termine la journée à Charlottetown, où une petite marche sur terre et un peu de shopping en touristes est bien efficace pour changer du quotidien! J'ai un petit mal de terre malaisant lors de cette promenade, comme d'habitude, mais ça me fait apprécier mon retour sur le bateau, où je suis plus à l'aise que sur terre le temps de mon voyage.

Vous ne connaissez pas le mal de terre? C'est qu'on sent le sol bouger sous nos pieds, comme si c'était un bateau qui tangue. La sensation est encore plus intense dans les toilettes d'un restaurant, car on n'a pas de repère et le bruit de la ventilation rappelle drôlement celui du moteur du bateau! Le résultat est qu'on marche un peu croche, on se tient parfois pour rester debout et une fatigue générale s'empare de nous à  force d'essayer de garder notre équilibre.

Dans la baie menant à Charlottetown, j'ai le plaisir de voir des Sternes pierregarin et des Mouette de Bonaparte, les mouettes étant déjà dans leur plumage d'hiver. On a aussi du Phoque commun, du Cormoran à aigrettes et les trois goélands.

Cormorans à aigrettes

 

Lundi 4 septembre 2017, Tests de chalut et retour à Charlottetown pour mon dernier congé

Nous sommes semi en mer, vraiment pas loin de Charlottetown. Quelques scientifiques sont montés à bord hier et la plupart vont descendre ce soir. Ils étaient là pour effectuer des test avec un nouveau type de chalut scientifique, le type qui est déjà utilisé aux États-Unis depuis un bon bout de temps, soit avec des mailles plus petites.

On a eu vent à 35 noeuds (fort) et de bonne vagues. Je préfère ça que le mal de terre. On moins, ce n'est pas mon imagination!

 

---DÉBUT DE LA DEUXIÈME MISSION!!---

Voici mon emplacement approximatif à chacun des jours de cette mission 🙂

Cliquez sur un bateau pour voir la date.

Icône provenant de mapicons.mapsmarker.com .

 

Mardi 5 septembre 2017, Charlottetown

Je me suis promenée un peu à Charlottetown histoire de profiter un peu de la terre une dernière fois pour plusieurs jours. Il faisait chaud et mon corps commence à d'habituer à la terre! Youhou! Mais bon, je repars.

Une nouvelle équipe de biologistes est montée à bord. Le premier mois, j'étais avec des gens de l'Institut Maurice-Lamontagne, à Mont-Joli, mais là, ce sont des gens de Moncton. Donc, on parle encore plus en anglais, l'équipage étant entièrement anglophone, mais certains biologistes sont francophones.

On est partis du quai un peu avant 17h00 (heure des Maritimes). Les Mouettes de Bonaparte dans la baie nous ont tenu compagnie.

Mouette de Bonaparte adulte en plumage d'hiver

 

Mercredi 6 septembre 2017, pas bien loin de Charlottetown

J'ai bien hâte de sortir du détroit de Northumberland, parce qu'il n'y a pas vraiment d'oiseaux pélagiques ici. Même les goélands se font rares. Quelques Goélands argentés, des Mouettes de Bonaparte et des Fous de Bassan sont là au moins.

Je fais mes recensements d'oiseaux quand on se déplace entre les stations seulement. Aujourd'hui, les arrêts étaient très longs, alors je n'ai pas passé tant de temps à observer en fait. Ah, j'ai eu une tête de Phoque gris aussi!

 

Jeudi 7 septembre 2017, baie St-Georges

Ce n'est pas palpitant tous les jours, comme cette journée dans une très grande baie, la baie St-Georges, entre l'île du Cap-Breton et le reste de la Nouvelle-Écosse. Il y a pas mal de vagues malgré qu'on soit dans une baie et que le vent provienne du sud.

Presque pas d'oiseaux (quelques goélands) et aucun pélagique. Pas de baleines non plus. Mais au moins, on a un arc-en ciel! 😉

Arc-en-ciel dans la baie St-Georges

 

Vendredi 8 septembre 2017, île du Cap Breton

Il commence à y avoir un peu d'oiseaux pélagiques, soit quelques Puffins majeurs qui ne font que passer. Des Fous de Bassan dispersés se nourrissent aussi.

À la pêche, on a justement du capelan, de la nourriture fort appréciée des fous. Ce sont de petits poissons mesurant environ 15 cm et oui, ce sont eux qui roulent sur les plages lors de leur reproduction.

Capelan, petits poissons biens aimés des fous et autres oiseaux aquatiques

L'observatrice de mammifères marins a aussi détecté un groupe de dauphins grâce aux fous qui se nourrissaient (plongeait du haut des airs). Les dauphins étaient trop loin sinon pour les détecter sans les fous. Espèce non identifiée, car trop loin.

 

Samedi 9 septembre 2017

Enfin, on est en eau profonde. On a un peu plus d'oiseaux pélagiques aujourd'hui, mais ce n'est pas l'abondance.

 

Dimanche 10 septembre 2017

Fulmars boréaux et Puffins majeurs en matinée. Océanites non identifiées (trop loin) en après-midi. J'espère en voir mieux demain.

Ah, on décrit souvent le vol des océanites dans les livre ou l'habitude de traîner les pattes de l'Océanite de Wilson pour les distinguer. Hé bien, ce n'est pas très pratique en réalité. L'Océanite cul-blanc traîne elle aussi les pattes à la surface de l'eau, mais les pattes sont beaucoup plus courtes. Le vol et aussi la forme des ailes varie énormément selon les conditions climatiques et leur activité (déplacement ou alimentation), alors ce n'est vraiment pas évident de se fier à de tels critères.

Les océanites étant très petites, on n'arrive à voir les critères distinctifs du plumage que lorsqu'elles sont proches et là encore! Je recommande fortement la caméra pour confirmer les identifications.

On a un Faucon émerillon à bord depuis hier. Je l'ai revu derrière le bateau aujourd'hui, mais il avait un oiseau dans les serres et il essayait de rattraper le bateau pour pouvoir venir dévorer sa proie. Par contre, la vitesse du bateau combinée au vent défavorable l'empêchait de revenir à nous. Je l'ai vu s'éloigner progressivement, malgré ses efforts pour avancer vers nous et je l'ai éventuellement perdu de vue. Je suis restée à regarder pour savoir quand il reviendrait et voir s'il devait laisser sa proie derrière lui pour y arriver. En effet, une dizaine de minutes plus tard, le faucon est réapparu, mais les serres vides. Bonne chance mon cher faucon pour trouver une autre proie bientôt. Au moins, tu le ne sais pas encore, mais on s'en va à terre bientôt.

Faucon émerillon s'éloignant, malgré lui, avec sa proie qu'il a dû abandonner pour revenir au navire

 

Lundi 11 septembre 2017

Oui! On est en mer et les Océanites cul-blanc sont présentes un peu partout! Ça, ça fait ma joie! Mais je me demande où sont les Wilson? Déjà parties? Pas l'habitude de se tenir ici? Je n'en sais pas encore suffisamment sur leur répartition pour savoir. (Ajout : Elles ne sont pas parties, j'en ai vu ailleurs quelques jours plus tard).

Océanite cul-blanc

 

Océanite cul-blanc

 

Mardi 12 septembre 2017, visite à pied à Gaspé

Nous sommes arrivés vers 6h00 au quai de Haldimand, à Gaspé, et certains d'entre nous en ont profité pour prendre une marche jusqu'au centre-ville. Ça fait du bien de revoir de la végétation. Ça sent bon les sapins! 🙂

J'ai finalement visité la reconstitution de l'ancien Gaspé, j'ai fait des commissions, mangé au Brise-Bise et pris un chocolat chaud au Café des artistes. Ça fait une petite visite bien remplie, ma troisième à Gaspé depuis que je suis partie, mais la dernière à cet endroit.

Reconstitution de l'ancien Gaspé

 

Il y en a un (employé du site) qui a trouvé la compagnie de nos biologistes bien agréable...

Il y avait pas mal de Fous de Bassan dans la baie, même au pont de Gaspé. Je ne les avais pas vus là aux sorties précédentes.

 

Mercredi 13 septembre 2017, plein de baleines!

Une très belle journée sans vent et pleine de baleines! On a eu de beaux spectacles toute la journée!

Un petit groupe de Rorquals à bosses est venu relativement près du bateau, mais il y en avait d'autres au loin.

Un petit groupe de Rorquals communs nous a aussi fait la joie de se montrer.

Il y avait pas mal de marsouins communs, un peu partout.

Des Dauphins à flancs blancs nous ont fait de beaux spectacles avec leurs sauts spectaculaires et aussi en duo!

Dauphins à flancs blancs

 

Dauphin à flancs blancs

Mettez la vidéo en plein écran et pleine résolution pour bien apprécier le spectacle! 🙂

 

Quelques Phoques gris par-ci par-là ont aussi ajouté du plaisir à la journée.

Phoque gris

 

Phoque gris

 

Phoque gris

 

Côté oiseaux, c'était la journée des labbes! Malheureusement, je n'ai pas réussi à tous bien les voir, parce qu'ils ne venaient pas vraiment au bateau. J'ai vu deux Labbes pomarins posés sur l'eau. Heureusement que je regarde tout ce que je vois, parce que ça avait l'air de goélands en fait, à cette distance. Mais étant donné que j'en ai pris des images, j'ai pu confirmer leur identification!

Voici des photos de l'un d'eux après qu'ils aient décollé. On voir bien les plumes torsadées et arrondies au bout de la queue de l'adulte de cette espèce sur la deuxième image.

Labbe pomarin forme claire en vol

 

Labbe pomarin forme claire en vol

 

Deux labbes bruns (parasite ou pomarin de forme foncée) sont aussi passés, un peu loin, non identifiés. Je suis étonnée à quel point je vois toujours les labbes près de la terre et je me demande si j'en ai déjà vu plus loin en mer avant. Je ne sais. (Ajout : Oui, j'en ai déjà vu, mais c'est vrai que c'est étonnant à quel point il y en a plus quand on est près de la terre.)

J'ai aussi vu un Phalarope à bec large (pas de photo).

Superbe coucher de soleil avec d'autres spectacles de baleines et dauphins!

L'observatrice de mammifères marins était bien contente de sa journée!

Sara, l'observatrice des mammifères marins

 

Sara, l'observatrice de mammières marins contente 🙂

Jeudi 14 septembre 2017, oiseaux sur le navire

Toujours à proximité de Gaspé, on n'a pas avancé de l'avant-midi. Malheureusement, on a des problèmes avec le chalut. Les deux portes de chalut s'emmêlent, ce qui fait qu'on doit repêcher au même endroit pour remplacer le coup de chalut manqué.

 

Portes de chalut emmêlées derrière le bateau

Les portes de chalut, ce sont les deux grands panneaux de métal qui sont en avant du chalut et qui servent à maintenir l'ouverture horizontale du chalut, autrement dit, à tenir la grande poche en filet ouverte pour pouvoir pêcher.

J'ai quand même été un peu observer et il y a de la joie dehors. Un Puffin majeur et un Fulmar boréal sont passés brièvement. Sinon, on a surtout des Goélands marins et argentés derrière le bateau, dont beaucoup d'immatures.

Goélands argentés, surtout immatures (bruns) et quelques Fous de Bassan qui se régalent du sébaste remis à la mer

Aussi, sur le bateau même, il y a d'autre joie. Trois Bruants des prés se promenaient sur le bateau le matin. L'un d'entre eux est même entré dans la timonerie, mais il a réussir à vite ressortir tout seul.

 

Un des trois Bruants des prés

En fin de journée, un jeune Bruant à gorge blanche est lui aussi entré.

Jeune Bruant a gorge blanche dans la timonerie

 

Un peu toute la journée, un Pluvier semipalmé immature tourne souvent autour du bateau et a adopté le devant du bateau pour se reposer et chercher de la nourriture, ce qui doit être difficile à trouver à cet endroit.

Pluvier semipalmé en contexte, sur le pont avant du bateau

 

Pluvier semipalmé immature mignon

Côté baleines, une baleine bleue au loin et plusieurs dauphins à flancs blancs nous font l'honneur de leur présence.

 

Vendredi 15 septembre 2017

Près de l'île Bonaventure, disons qu'il y a de l'activité!

Côté baleines, une baleine bleue, quelques petits rorquals, des dauphins à flancs blancs.

Voici une baleine bleue, filmée quelques jours auparavant. (Mettre en plein écran et en pleine résolution pour un plus grand plaisir.)

 

Côté oiseaux, on s'entend qu'il y a beaucoup de Fous de Bassan, étant donné qu'on est tout près de leur colonie!

À certains endroits, les fous se rassemblent en gros groupes pour pêcher. D'autres reviennent, peut-être de très loin, à la queue leu-leu pour venir nourrir leurs petits affamés. Et finalement, il y a aussi ceux qui partent à la queue leu-leu pour aller chercher de la nourriture de nouveau!

Outre les fous, j'ai aussi croisé quelques dizaines de Guillemots marmettes, qui sont rendus en plumage d'hiver, et quelques Petits Pingouins, qui semblent prendre plus de temps pour muer si j'ai bien vu.

Toute cette action attire aussi d'autres oiseaux qu'on voit moins souvent. J'ai vu quatre labbes passer au cours de la journée, mais rarement bien vus. J'ai eu un Labbe pomarin forme claire entre autres. Il se dirigeait droit vers l'île Bonaventure. J'ai aussi filmé la chasse d'un labbe de forme sombre, mais il est difficile de lui donner un nom.

Finalement, grand événement de ma journée, j'ai vu ma première rareté du voyage! Une Mouette de Sabine! Elle était tellement loin que je n'ai pas vraiment compris c'était quoi en la regardant aux jumelles. Par contre, j'ai réussi à prendre une photo et ça explique pourquoi ça volait comme une mouette, n'avait pas le patron de noir du bout des ailes carré comme la Mouette tridactyle, pas de blanc en avant de l'aile comme la Mouette de Bonaparte et anormalement beaucoup de blanc en arrière de l'aile!

Les trois triangles blanc-gris-noir de l'aile sont typiques de la Mouette de Sabine. Heureusement que c,est tellement évident qu'on peut le voir sur une photo prise de très loin!

Mouette de Sabine, une rareté au Québec!

Samedi 16 septembre 2017, Dalhousie et re-Dalhousie
Nous sommes arrivés à Dalhousie ce matin. C'est la municipalité la plus au nord du Nouveau-Brunswick et elle est dans la baie des Chaleurs.

J'aurais bien pu prendre une marche, mais je suis à peine descendue au quai. Fatiguée, je profite de cette journée pour me reposer et prendre une bonne sieste.

Mes amis les scientifiques partent, des nouveaux amis embarquent, mon quatrième groupe d'amis de mer depuis mon départ. Le nouveau groupe est presque entièrement féminin et est presque totalement bilingue. Ce sera chouette, une nouvelle fois.

On a une responsable des communications du bureau d'Ottawa à bord. Ça, c'est cool. Ça va mieux pour parler du Teleost quand on sait vraiment comment ça se passe. Elle va faire le travail de poisson avec les autres.

On part du quai de Dalhousie un peu avant 18h00, mais environ une demi-heure plus tard, on arrête le bateau. Problème dans la salle des machines. Une heure plus tard, on fait demi-tour. Retour au quai de Dalhousie. Demain, au réveil, je verrai si on est repartis.

 

Dimanche 17 septembre 2017, Dalhousie

Nous passons la journée à quai, alors nous avons finalement l'occasion de visiter Dalhousie.

Sara et moi avons trouvé où est le fun : à la salle de quilles!!!! Yé! Ce sont des quilles différentes des nôtres, des grosses quilles avec un bas étroit et des petites boules de quille. On a droit de lancer trois fois pas coup. Que de fun!

 

Lundi 18 septembre 2017, Baie des Chaleurs

Départ en mer vers 13h00. Youppi!

J'ai ajouté une espèce à ma liste, la superbe Macreuse à ailes blanches! C'est vraiment très joli avec son maquillage blanc à l’œil, mais je n'ai pas réussi à prendre de photo. Quelques Mouettes de Bonaparte, Mouettes tridactyles et un Phalarope à bec large sont aussi présents dans la Baie des Chaleurs, avec les Fous de Bassan.

 

Mardi 19 septembre 2017

Nous sommes sortis de la baie des Chaleurs aujourd'hui et nous sommes lentement dirigés vers l'est.

On a eu pas mal de brouillard le matin, ce qui nous empêchait de voir quoi que ce soit, mais l'après-midi, j'ai pu faire quelques belles observations.

Un joli Labbe parasite forme claire est passé juste devant moi, c'est très joli à voir! Bien vue avec les yeux, mais pas le temps d'en prendre des images.

Des océanites, celles identifiées étant de Wilson. J'ai aussi vu quelques Guillemots marmettes et des Fous de Bassan, une Mouette tridactyle adulte en hiver.

Deux jolies Parulines masquées sont venues à bord du bateau.

Paruline masquée

Côté mammifères, on a eu des Dauphins à flancs blancs et des Rorquals communs et un à bosses, la plupart après souper.

Rorqual commun

 

Mercredi 20 septembre 2017, baleines franches!

Bien qu'on ait passé la majeure partie de la journée dans le brouillard (et sans internet toute la journée), ça a été une superbe journée finalement!

Lorsque le brouillard s'est dissipé, en milieu d'après-midi, et que je suis sortie dehors. Quelqu'un m'a dit, hé. il y a une baleine là. Je la regarde aux jumelles et je la trouve louche, très louche. J'ai alors pris ma caméra vidéo et filmé la chose.

Wow, pour moi, c'était clair, une baleine franche (aussi appelée baleine noire)! Restait à obtenir la confirmation de l'observatrice de mammifères marins, qui était en train de se préparer. Confirmé avec la vidéo et aussi avec l'autre observation qu'elle en a fait quelques minutes plus tard, mais de plus loin.

Je suis chanceuse de l'avoir vue de si proche. La baleine franche était derrière le bateau et celui-ci était à l'arrêt, alors il n'y avait pas de danger.

Comme nous avons passé tout le reste de la journée au même endroit, on a revu la baleines quelques fois et on en a même vu deux séparées. J'espère qu'elles vont bien se débrouiller et que je ne retrouverai pas ma baleine de la vidéo dans un bulletin de nouvelles macabre.

C'est aussi aujourd'hui que j'ai enfin réussi à prendre un Labbe parasite en photo!

Labbe parasite adulte de forme claire. Remarquez les longues plumes pointues qui dépassent le reste de la queue.

 

Jeudi 21 septembre 2017

Je n'ai pas vu beaucoup d'oiseaux aujourd'hui, surtout des Fous de Bassan.

La péripétie de la journée est que le matin, juste avant que je me lève, le chalut s'est accroché au fond de l'eau et il a donc été pas mal endommagé. Il a fallu ensuite changer de chalut, mais pour ça, les gars de pont devaient enlever tous les flotteurs un à un, tout le bicycle (gros caoutchoucs noirs) et les senseurs du chalut pour les remettre sur le chalut neuf. Tout ça a pris bien du temps où nous avons fait du sur-place.

 

Vendredi 22 setpembre 2017

Plusieurs oiseaux à bord aujourd'hui, dont plusieurs Parulines à croupion jaune, un Roitelet à couronne rubis et un Bruant à gorge blanche.

Deux Parulines à croupion jaune sur le pont avant

 

Une des deux Parulines à croupion jaune sur le pont avant

 

Roitelet à couronne rubis fâché de la présence de la Paruline à croupion jaune ou qui a juste fait un saut quand la paruline est arrivée, hihi!

Un poisson-lune a longé le bateau. J'ai détecté sa nageoire dorsale, mais ne suis pas sortie assez rapidement pour bien voir le poisson, malheureusement. Je pensais que c'était un requin, mais non!

 

Samedi 23 septembre 2017

Trois labbes dans la journée. J'ai aussi vu deux grands regroupements de Fous de Bassan qui se nourrissaient. L'un d'eux avait plusieurs thons qui faisaient des splash! J'ai aussi eu un grand regroupement de Mouettes tridactyles, en groupe plus lâche.

es groupes de poissons étaient aussi visibles à la surface entre certains endroits. C'était un spectacle très spécial. On pouvait même entendre le claquement des poissons sur l'eau, quand ils faisaient des vagues d'éclaboussures. Bien spécial. Première fois que le vois ça depuis que je suis partie, première fois tout court je pense. Il est possible que ce soit des harengs.

Il y avait aussi beaucoup de thons que l'on voyait faire éclabousser l'eau un peu partout durant la journée.

Je suis allée faire un petit tour en bas pour voir les poissons et aussi le résultat de la petite blague que je leur ai faite, en mettant un joli requin en plastique faisant qwick-qwick dans la fosses à poissons, hihi.

Ceux que j'appelle gentiment les poissonniers de nuit, bien heureux lors de la découverte de mon requin kwick-kwick.

 

Une belle mâchoire de poisson toute nettoyée faisait partie de cette prise.

Une découverte spéciale de cette prise, un dentier inférieur de poisson non identifié.

 

J'en ai profité pour vivre l'expérience de manipuler les poissons à main nue, expérience ultime en prenant une gélatineuse limace de mer. Du plaisir pour les mains! 🙂

Je vous présente la jolie Limace marbrée, une limace de mer. Beau poisson malgré son nom moins séduisant.

 

Elle est trop mignonne de face cette Limace marbrée.

Dimanche 24 septembre 2017

Journée très calme aujourd'hui. On a eu quelques gros regroupements de Fous de Bassan et de goélands, impressionnants quand même!

Il y avait aussi des groupes de poissons qu'on voit bouger à la surface, dont je vais vous préparer une vidéo. Vous allez voir, c'est spécial!

Ah oui, on a vu plusieurs bateaux de pêcheurs.  Il pêchaient le thon! Spécial à voir! Il y en a trois qui utilisaient des cerfs-volants pour tenir leur hameçon à la surface de l'eau ou l'éloigner du bateau. Je ne sais les détails du stratagème.

 

Lundi 25 septembre 2017, Spectacle de thons!

J'ai ajouté deux espèces (trois finalement, voir plus bas) à ma liste d'oiseaux vus en mer aujourd'hui, soit l'Alouette hausse-col et le Pluvier bronzé!

En soirée, on a eu droit à un super spectacle de thons rouges! Ils étaient près du bateau et j'ai pu bien les filmer! Il y en a même qui sortent complètement de l'eau! Ça fait changement des splash lointains qu'on voit d'habitude!

En plus, je me suis rendue compte que j'ai une nouvelle espèce d'oiseau en regardant mes vidéos! Un Goéland bourgmestre! On s'entend que je regardais autre chose pendant que je filmais! Hihi!!

 

Mardi 26 septembre 2017, Goéland brun!

La journée a été assez pauvre en oiseaux et en mammifères marins, avouons-le.  Quelques fous et goélands dans la journée seulement, sauf les exceptions mentionnées ci-bas. Le vent s'est levé, mais il n'y avait étonnamment pas de vagues, alors on voyait très bien l'effet du vent à la surface de l'eau plane, ce que je vois rarement en mer et est bien joli. En soirée, les vagues se sont finalement formées et on pouvait enfin marcher croche sur le bateau! C'est toujours comique et ça nous rappelle qu'on est bien sur un bateau! 😉

Quand même, les deux extrémités de la journée ont été productives. Le matin, pendant que je me préparais à commencer mon inventaire, j'ai eu un Goéland brun adulte accompagné soit de deux Goélands argentés immatures, soit d'un brun immature et un argenté immature, pas sûre sur mes photos. Ça c'est une espèce rare, mais qui est vue quelques fois chaque année en Amérique, particulièrement pendant la migration. Le goéland brun nous vient de l'Europe.

En fin d'après-midi, un groupe de 18 Bernaches du Canada est passé, direction plein sud, vers l'île du Prince-Edouard.

Et en soirée, pendant que j'entrais mes données, un Faucon émerillon (déjà vu plusieurs fois sur le bateau) et un Faucon pèlerin (nouvelle espèce) sont passés brièvement nous dire bonjour au bateau. C'est le temps de la migration des oiseaux de proie mes amis! 🙂

Il me reste déjà très peu de temps sur le bateau, moi qui suis rendue habituée à vivre ici, voir toutes sortes de paysages et de créatures, habiter avec plein de gens sympathiques et ne pas avoir à me faire à manger moi-même! Je dois maintenant penser à ma jolie maison, mon petit oiseau comique et mes amis pour me donner le goût de revenir. JE pense que ma stratégie psychologique pour pouvoir supporter deux mois en mer a un peu trop bien marché, haha!

27 septembre 2017
Le temps est très sombre dehors et la brune s'est même mise de la partie. Pas d'observation passionnante aujourd'hui.

Mais au moins, j'ai appris à faire de l'art avec du cordage de chalut de pêche! 🙂

 

28 septembre 2017

Dernière journée en mer. La journée semblait peu prometteuse, car c'était très tranquille à l'ouest du Cap Breton. Mais, finalement, j'ai eu droit à de beaux défilés de groupes de Puffins majeurs au bout du cap et à l'est. Très joli de les voir monter et descendre tout en allant de gauche à droite, pour prendre le vent comme il faut pour avancer sans effort.

On a aussi été escortés par des Dauphins à flancs blancs, qui jouaient dans les vagues du bateau, en avant et sur le côté du navire. Jolie spectacle!

Nous sommes arrivés au quai de North Sydney en début de soirée. Ça fait bizarre de voir d'autres gens, des bâtiments, de l'asphalte et de réaliser que je vais débarquer moi aussi cette fois, pour de bon. Le bateau, c'était rendu chez moi.

 

Le retour 

Retour à Moncton avec l'équipe de scientifiques en camionnette, coucher à l'hôtel à Moncton, retour chez moi le 30 septembre avec un scientifique qui se rend à Rimouski.

C'est bizarre de me retrouver chez moi : seule, lourde de la gravité sans vague et du poids de mon excédent de nourriture, devant payer pour manger, devant cuisiner, etc.

Je me ré-habituerai progressivement à ce 30% de planète non recouverte d'eau, puis je repartirai dans environ trois semaines, sur un autre bateau!

 

Fin de cette histoire! 🙂

Laissez-moi vos questions et commentaires ci-bas! 🙂

Mireille Poulin, Go oiseaux!

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Commentaires ( 27 )

  • Denis Collins

    Merci beaucoup de partager textes et photos. Les commentaires sont très pertinent. J’en apprends beaucoup.

  • Jean-Étienne Joubert

    Bravo Mireille,

    J’ai beaucoup appris! Tu te donne! J’apprécie les efforts que tu déploie pour rendre tes observations visibles et bien vulgarisées en plus. Vraiment cool! À bientôt dans le marais de l’Ile verte!

    Jean-Étienne

    • Super! Ça me fait plaisir! À bientôt dans le marais de L’Isle-Verte! 😉

  • Gilles Émond

    Merci pour le compte-rendu du voyage. J’étais à Charlottetown cet été avec ma tribu (lire ma famille) et heureusement, je n’ai pas eu le mal de terre. Bonne poursuite de votre voyage dans l’estuaire.

  • Pingback :Du mouvement dans le Saint-Laurent | Baleines en direct

  • Marie-Sophie Giroux

    Bonjour Mireille! Très intéressant tes récits! Je suis particulièrement intéressée par ceux relatant tes observations de baleines comme je travaille au GREMM. Tu as une fenêtre incroyable depuis le Téléost. Serais-tu intéressée à partager tes observations avec nous pour le site éducatif Baleines en direct? Ou peut-être un collègue? Chaque semaine, nous recueillons les observations des membres de notre réseau pour élaborer la chronique les Observations de la semaine (http://baleinesendirect.org/category/article/nouvelles-du-large/observation-de-la-semaine/) ainsi que la carte des Nouvelles du large – qui représente un ordre de grandeur plutôt qu’un recensement systématique.
    Nous compilons ainsi ces observations et les transmettons également à d’autres groupes de recherche, selon les espèces. De savoir où sont les baleines et comment elles utilisent le fleuve nous permet de mieux les comprendre et également de mieux les protéger.

    Si cela t’intéresse, tu peux m’écrire directement à msgiroux@gremm.org. Ça serait génial!
    Au plaisir de te lire de nouveau,
    Marie-Sophie Giroux, GREMM.

  • Superbes observations

    Bonjour Mireille,
    C’est vraiment le fun de te lire, on voyage un peu avec toi. Tes photos sont superbes et la diversité de tes observations est surprenante. amuse toi bien et bonne continuité
    À bientôt

    Alain

    • Merci Alain! Amusez-vous bien à me suivre! Il me fait plaisir de partager cette aventure avec les ornithologues à terre! 🙂

  • Lise Pelletier

    Quel belle expérience pour toi. Je t’envie! Merci pour les belles histoires vraies! Belle suite!

  • Gaétan Duquette

    Merci Mireille pour ton intéressant compte rendu, fort bien illustré. C’est toute une chance que tu puisses côtoyer les espèces pélagiques (oiseaux, mammifères et poissons) quotidiennement, sur une aussi longue période. Profite bien de cette expérience qui n’est pas donnée à tous les terriens.
    Bonnes observations pour le prochain mois. Qui sait si tu n’auras pas la chance d’ajouter le narval à ta longue liste, comme celui observé dans la région de Tadoussac en 2016 et 2017 (http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/506221/un-narval-a-elu-domicile-dans-le-saint-laurent).
    Gaétan

    • Ça me fait plaisir!
      Je ne sais pas pour le narval, qui se tient à un endroit où je ne vais pas, mais on s’en va dans le coin des baleines noires bientôt. Ce serait une nouveauté pour moi! 🙂

  • Lucille Cournoyer

    Bravo Myreille. Je viens de m’inscrire et déjà je suis emballée de te lire et te suivre dans ton périple.

    Lucille Cournoyer

    • Hihi, super! Des mises à jour seront faites bientôt! Bienvenue sur mon site! 🙂

  • Hélène Bonnelli

    Bonjour
    Un grand merci pour cette générosité. Une expérience magnifique que nous pouvons suivre grâce à tout ce que vous nous partagez.
    Merci et bonne continuité.
    Hélène

    • Et ça me fait un grand plaisir de vous le partager aussi! 🙂

  • Pierre St-ÀOnge

    Bravo Mireille c’est très intéressant. Tu fais un beau métier.

    • Hihi, merci! J’avoue que j’aime ce que je fais! 🙂

  • André Provost

    Salut Mireille,
    Et le mal de mer tu connais ça, en souffre tu à l’occasion ??
    En tout cas tu fais de belles observations, continue à nous informer….
    André

    • Hihi, oui, je connais. Pendant les premiers jours, il faut prendre les Gravol pour reprendre le pied marin, mais après, ça va bien. Ceux qui sont vraiment intolérants à la mer sont assez rares, mais il y en avait un qui vient de fininr aujourd’hui et qui a été sur les patches de Gravol pendant tout un mois, assez intense! 🙂
      Je mettrai à jour le blogue très bientôt. 🙂

  • Lucie

    Bravo Et Merci de nous partager vos belles observations
    Aussi Bravo à toute votre équipe….
    Que de belles choses vous voyez.
    Lucie

    • Ça me fait plaisir!
      Nous sommes maintenant une équipe de deux, youppi! Hihi.
      Étant donné que je suis en mer, c’est pratique d’avoir un bon ornithologue à terre qui peut m’aider, Hugues.
      À bientôt pour la suite de mon périple! 🙂

  • Pierre Casavant

    Et cela ne semble qu’un début………..tu engranges les souvenirs et photos magnifique voyage et bonne suite.

    Pierre

    • En effet! Il mer reste encore un mois complet en mer et j’ai plein d’autres choses que je vous prépare!
      Contente de faire le bonheur des internautes qui me lisent. 🙂

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